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Ādi Granth

De ād, « originel, premier », et granth, « noeud; reliure; livre ».

L'Ādi Granth est le premier recueil des écritures sacrées des Sikhs. Compilé par Gurū Arjan (5e gurū des Sikhs) en 1604, il regroupe des compositions lyriques des cinq premiers gurūs sikhs, mais aussi de nombreux mystiques de toutes origines sociales ou religieuses de l'Inde médiévale, comme Kabīr, Nāmdev ou Ravidās.

Le dernier des gurūs sikhs, Gurū Gobind Singh (1666-1708), ajoutera les compositions de son prédécesseur, Gurū Teg Bahadur, à l'Ādi Granth, que l'on appelle depuis Sirī Gurū Granth Sāhib.

Amrit

« Immortalité ; nectar d’immortalité, ambroisie ». Dans la mythologie indienne, l’Amrit est le nectar qui redonne aux deva, les êtres célestes, l’immortalité (c’est-à-dire le sens d’éternité) qu’ils avaient perdues. Dans la gurbānī, l’Amrit ne désigne pas une substance physique, bien entendu, mais l’expérience de l’essence éternelle du Soi ; le souvenir vivant que l’âme est atemporelle, d’où le ressenti durable de notre propre éternité. Pour les Sikhs, le Nām est l’Amrit, ce nectar, cette bénédiction ambrosiaque qui nous identifie à l’Infini plutôt qu’au monde.

Anand

Littéralement: « suprême félicité, béatitude ». Anand désigne l'état de grâce, de bonheur suprême. Le mot, proche de anant (« sans fin ») suggère un état d'éternité et de joie sans fin. Cet état mystique est décrit et développé par Gurū Amar Dās (3e gurū) dans l'Anand Sāhib, un long poème mystique.

Anand Kāraj

De Anand, et Kāraj, « tâche, action, activité ». L'Anand Kāraj est la cérémonie du mariage Sikh. Elle a été instituée par Gurū Amar Dās (3e gurū sikh), et Gurū Rām Dās, son successeur, en a écrit les hymnes. Dans la Sikhī, le mariage a une importance toute particulière. Il représente l'opportunité d'unir l'âme individuelle et l'âme universelle. Il prend la forme d'un engagement solennel et mutuel, devant le Gurū Granth Sāhib et avec la sangat pour témoin et support. La cérémonie se déroule en présence du Srī Gurū Granth Sāhib, dans un gurdwārā permanente ou installée pour l'occasion. On y chante les Lāvan (« tour, faire le tour »), quatre hymnes que Gurū Rām Dās a composés pour son propre mariage avec Bibi Bhānī, fille de Gurū Amar Dās, et qui décrivent les étapes du chemin de la conscience individuelle vers le divin. A chaque hymne, les fiancés se lèvent et font le tour du Gurū Granth Sāhib, dans le sens des aiguilles d'une montre. Le fiancé marche devant, et tient sur son épaule une écharpe dont la fiancée tient l'autre extrémité. Ces quatre tours nouent les époux l'un à l'autre, et le Gurū à l'un et à l'autre. Lors du dernier tour, la famille et les proches les entourent, font un signe d'encouragement et leur jettent des pétales de fleurs.

Bānī

« Voix, parole, discours ». La bānī est la poésie inspirée, musicale, mystique, des maîtres de la tradition sikhe. Les Sikhs adorent la bānī en tant que leur Gurū : non seulement pour son message, mais aussi pour les ressentis qu’elle inspire, la sagesse qu’elle donne, l’expérience de soi qu’elle induit. La pratique de la bānī (lue, écoutée, récitée, chantée…) nous fait faire l’expérience du shabad, le Verbe. Le corpus de poésie mystique sikhe s’appelle gurbānī, ou « bānī des Gurūs ». Enfin, on appelle aussi bānī les textes qui sont récités quotidiennement ou régulièrement : le Japjī Sāhib, le Jāp Sāhib, l’Anand Sāhib, etc.

Darshan

« Vision, apparition ». Dans le contexte des spiritualités d’origine indienne, on parle de darshan lorsqu’une divinité ou une âme pure se manifeste sous une forme visible ou appréhensible par les sens de ses adorateurs. D’une façon plus ordinaire, le darshan est l’audience et la présence d’un maître auprès de ses disciples. Dans la gurbānī, la notion de darshan est étroitement liée au désir de faire l’expérience de la présence divine : le mystique ne désire qu’un signe de la réalité de la Suprême Conscience pour authentifier de ce qu’il perçoit intuitivement. Que « l’Invisible se fasse visible », que « l’Inaccessible se mette à portée de main », que l’Indicible soit articulé, que l’Inaudible soit entendu, etc. : autant d’expressions récurrentes dans la poésie mystique sikhe. Le darshan est donc l’expérience qu’en lui-même, dans sa propre sensitivité, le mystique fait de cette certitude, et de la force de la relation qui l’unit au suprême Gurū.

Dharma

« Ce qui est fermement établi, ancré (dans l’ordre cosmique) ». Dans la gurbānī, le Dharma désigne le mode de vie qui soutient la cristallisation du Nām. C’est non seulement déployer sa conscience spirituelle, mais aussi la mettre en œuvre. C’est agir d’une manière juste et cohérente, mener sa vie d’une façon qui ne trahit pas l’ordre cosmique, mais le reflète et l’honore pleinement.

Granth

Litt. « nœud ; noué, relié » ; par extension « livre, écritures » ; le Srī Gurū Granth Sāhib.

Gurdev

« Céleste Gurū ». Le mot gurdev (gurū dev) renvoie à la nature céleste, angélique, transparente et omniprésente du Gurū. Le Gurū est un guide : on l’appelle Gurdev lorsque partout se perçoit sa guidance, lorsque l’on est réceptifs à sa sagesse qui s’adresse à nous par les canaux les plus subtils et, parfois, les plus inattendus.

Gurdwārā

De gurū et dvārā, « seuil, porte, portail ». Littéralement, « le portail du Gurū ». Un gurdwārā est un lieu de culte sikh. Le Gurū Granth Sāhib y est installé dans un palkī (un palanquin, ou sous un dai), et il est lu et chanté devant la sangat, la congrégation, têtes couvertes et pieds nus. Il n'y a pas de jour de la semaine particulier chez les Sikhs : chaque jour est sacré. Mais c'est le plus souvent le dimanche que la congrégation se réunit à la gurdwārā. Les gurdwārās jouent aussi un rôle de centres communautaires ou de centres culturels. Enfin, le gurdwārā abrite une institution fondamentale : le Langar, ou cuisine-restaurant communautaire, où chacun peut manger un repas complet gratuitement.

Gurmukh

« (Celui ou celle qui se tient) face au Gurū », c’est-à-dire qui centre son attention sur le Gurū, s’informe auprès du lui, et est guidé par lui. La sagesse des gurmukh contraste avec l’égarement des manmukh, qui ne suivent que leur propre mental.

Gurmukhī

De gurū et mukh, « bouche, visage ». Littéralement, « face au Gurū » ou « de la bouche du Gurū ». La gurmukhī est l'alphabet (ou plus exactement, l'alphasyllabaire) dans lequel est sont écrits les textes sacrés des Sikhs. Il fut créé au 16e siècle par Gurū Angad, second gurū sikh, sur la recommandation de son prédécesseur et maître, Nānak. Il proposait ainsi un alphabet destiné à rendre plus accessibles les enseignements spirituels, et à se distinguer du corpus de textes hindous. Par la suite, la gurmukhī est rapidement devenu l'alphabet utilisé pour retranscrire la langue du Penjab, le penjabi. La gurmukhī n'est donc pas une langue. Ainsi, le Srī Gurū Granth Sāhib est entièrement écrit en utilisant l'alphabet gurmukhi. La gurmukhī comprend 35 lettres-syllabes, 9 signes supplémentaires modifiant la voyelle, ainsi que 5 symboles pour les diphtongues, l'accentuation, etc.

Gurū

Dans la gurbānī, le mot gurū désigne avant tout la Conscience Suprême lorsque, par bonté et par compassion envers sa création, elle se rend accessible pour nous inspirer, nous guider. Pour les Sikhs, cette guidance se manifeste principalement grâce à la bānī, le corpus de poésie mystique sikhe. C’est pourquoi il est dit que c’est la bānī qui est le Gurū des Sikhs. En tant qu’incarnations de la bānī à laquelle ils ont tout sacrifié, le titre de Gurū est également donné aux maîtres de la tradition sikhe de Gurū Nānak à Gurū Gobind Singh, ainsi qu’au Srī Gurū Granth Sāhib.

Har

Le Divin ; la Conscience suprême en manifestation en tous et en chacun·e.

Hukam

De l’arabe huqm, « ordre, commandement ». Volonté première, volonté cosmique, ordre divin. La gurbānī invite à prendre conscience du hukam à notre égard, et à lui obéir scrupuleusement : de quelle intention initiale notre existence procède-t-elle ? Que veut la Conscience Suprême dès lors qu’elle nous crée et déploie en nous ? Comment ne rien servir d’autre que cela ?

Japa

« Répétition ». Traditionnellement, le japa est la répétition de mantras ou d’invocations. Dans la gurbānī, japa désigne la récitation de la bānī et, par extension, la méditation et la contemplation.

Khālsā

litt. « pur·e ». Le terme khālsā est dérivé du mot arabe khalis (« pur, propre »), et d’un terme persan qui désignait les terres appartenant personnellement au Shah, et non à la couronne. La première mention de ce terme dans les écritures sacrées des Sikhs est faite par Kabīr : « Kabīr dit: l’humble serviteur devient khālsa, il devient pur, quand il connait l’amour et la dévotion ». Mais c’est en 1699 que Gurū Gobind Singh donna tout son sens au terme khālsā, en nommant ainsi les Sikhs baptisés par l’Amrit et par l’Épée. Par extension, le Khālsā désigne ainsi l’ordre chevaleresque, le cœur de la communauté sikhe.

Kīrtan

Chant dévotionnel, chant de louanges dans les traditions sikhes et hindoues.

Māyā

« Mère, matrice de la création », mais aussi « fascination, illusion ». Dans les cultures spirituelles d’origine indienne, Māyā désigne le monde phénoménal : tout ce qui se déroule dans le contexte du temps et de l’espace ; là où se déploient en myriade les chaînes d’actions et de conséquences ; le plan de la dualité où se vivent d’innombrables drames, peines et plaisirs. Ce qui se déroule dans Māyā sollicite particulièrement nos sens, qui sont saturés d’impressions et d’informations, au point que notre mental en est comme hypnotisé. C’est pourquoi Māyā (dont l’étymologie indo-européenne se rapproche du mot « magie ») évoque la fascination. Et le spectacle auquel on est exposé est si coloré, si intense, qu’on en vient à le prendre pour la réalité : Māyā désigne dont l’illusion, celle qui entraîne immanquablement l’errance, la confusion et la souffrance. Mais Māyā est aussi le plan au sein de laquelle l’âme s’incarne : là où, à force d’expériences sensibles et avec la guidance appropriée, elle peut prendre conscience d’elle-même, et devenir cette conscience spirituelle, ce « vrai soi ». Dès lors, Māyā apparait comme la matrice de ces expériences, telle une mère qui tient pour ses enfants un formidable terrain de jeu (khel), afin qu’ils y apprennent, se développent et s’émancipent au point de ne plus avoir besoin d’y jouer.

Nād

« Vibration, vibration sonore ». Selon la métaphysique traditionnelle indienne, le nād désigne la vibration qui parcourt toute la Création, la maintient unie en cohérence, et la relie à la source créatrice dans une sorte d’harmonie vibratoire. Dans la gurbānī, nād renvoie à l’expérience de l’harmonie cosmique en soi-même (encore appelée anahat). Dans la musique classique indienne, c’est la voix du maître qui donne la tonalité sur laquelle tous les instruments de musique s’accordent, afin de créer une harmonie sonore. De même, l’expérience méditative et sensible du nād nous met en résonance avec notre source créatrice, la Voix dont tout est issu. Le nād est donc le canal, l’onde porteuse grâce à laquelle on perçoit le Verbe en soi-même (anahat shabad).

Nām

« Nom ». Le Nām est un concept central de la gurbānī. Il s’agit du Soi originel présent en tout ce qu’il manifeste ; l’identité vibratoire de la Conscience Créatrice dans chaque chose et chaque être qu’elle crée. À l’échelle individuelle, le Nām est une expérience sensible d’unité, de similitude entre la conscience de soi et le Soi Universel.

Nīshān

« Emblème ; sceau ; étendard » ; marque de l’approbation divine.

Panth

Litt. « voie, chemin » ; par extension, « chemin spirituel, courant religieux ». Le panth désigne la voie et la communauté spirituelles des Sikhs.

Rāg

« Couleur, émotion » ; raga, thème de la musique classique indienne ; mélodie.

Rahit

(ou rehat) : litt. « chemin ; méthode ; mode de vie ». Le rehit, aussi appelé rehit maryada est l'ensemble des règles de conduite des Sikhs.

Sādhu

« Discipliné ; qui suit une discipline, qui poursuit un objectif avec détermination et se donne les moyens de l’atteindre ». En Inde, personne qui s’est consacrée à la sādhanā, pratique yoguique et/ou méditative pour atteindre la réalisation ; yogi ermite ou itinérant, ascète détaché du monde matériel ; sage, saint·e.

Sāhib

De l’arabe sāhab, « ami, compagnon ». Passé dans les langues nord-indiennes, sāhib signifie « seigneur, maître ». C’est un titre qui marque la noblesse et la dignité qui, en Inde, s’applique généralement à des individus, à l’exception notable des textes sikhs et des gurdwārā historiques.

Sangat

Du sanskrit sam, « même, égal; avec »; racine indo-européenne très courante que l'on trouve dans des mots français aussi divers que « enSEMble », « SEMblable », « SIMilaire », « SYMpathie », « SYNthèse », « COMprendre », « COMpagnie », encore l'anglais same (« le/la même »). Cette syllabe sanskrite s'est plus tard déclinée en sang et sangat dans les textes yogis, hindous et sikhs, et en sangh et sangha en pali, langue du Bouddhisme. Sangat signifie littéralement, « congrégation, communauté religieuse ou spirituelle ». La sangat est fondamentale pour les Sikhs. C'est au sein de la communauté que l'on trouve de l'inspiration et du soutien sur sa voie spirituelle. La sangat est considérée comme le corps du Gurū, le lieu où il s'incarne. Elle est sacrée et ceux qui la composent le sont également. On trouve aussi sādh sangat, « communauté des saintes personnes » ou encore sat sangat, « communauté où l’on honore la Vérité ».

Satgurū

« Vrai Gurū ». Ce terme fait référence à l’authenticité de la guidance du Gurū, à sa nature proprement inspirée, originelle, divine, ainsi qu’à l’efficacité de son enseignement.

Seva

« Service, bénévolat ». Pratique spirituelle qui consiste à offrir de son temps pour servir les autres de manière désintéressée. On peut ainsi servir une personne, la sangat ou encore la société en tant que communauté humaine. En donnant sans attendre un retour personnel particulier, le sevadār (encore appelé sevak) a l’opportunité d’ouvrir son cœur, de faire l’expérience d’une vraie générosité et de percevoir le Divin en tous : en effet, au-delà de celles et ceux que l’on sert, on sert la Suprême Conscience elle-même. Selon la gurbānī, pratiquer le seva est l’une des meilleures façons de s’occuper et de donner du sens à son incarnation. C’est une valeur centrale de la Sikhī.

Shabad

« Syllabe, mot ; le Verbe ». Le shabad (ou shabd) est d’abord le Verbe créateur. On le perçoit grâce à la pratique de la bānī. L’expérience du shabad nous purifie, nous apaise, nous élève, et nous donne le Nām : la prise de conscience, l’expérience sensible même, de la parfaite identité du soi individuel et du Soi Universel. Shabad est aussi le nom que les Sikhs donnent aux poèmes mystiques qu’ils récitent, chantent et contemplent.

Shloka

« Verset » ; poème court, couplet, épilogue.

Siddha

Litt. « qui a des siddhi ». Les siddhi sont les facultés paranormales, les pouvoirs occultes voire magiques, que l’on développe à force d’ascèse et de méditation. Un siddha est donc une personne qui a développé de telles pouvoirs. En Inde, le terme fait généralement référence aux plus grands yogis, notamment ceux des temps anciens ou mythologiques. Dans la gurbānī, siddha évoque plutôt une notion d’accomplissement spirituel, de maîtrise de soi, de grande pureté et de sainteté, associée à un effort sur soi-même (tapa).

Sikh

Du sanskrit sishya, « étudiant, disciple ». Disciple de l’enseignement des Dix Gurūs (de Gurū Nānak à Gurū Gobind Singh) et du Srī Gurū Granth Sāhib. Bien avant que Gurū Nānak nomme ainsi ses disciples, l’expression traditionnelle gurū-sishya disait déjà combien le Gurū et le Sikh, son disciple, sont inséparables, voire promis à une parfaite identité.

Veda

« Connaissance révélée » ; ensemble des textes sacrés fondamentaux de l’Inde et de l'hindouisme. Le Veda est constitué de quatre textes : Rig-Veda, Yajur-Veda, Sama-Veda et Atharva-Veda.

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